28 novembre 2017 : « J’accuse le gouvernement de maltraitance … ! »
Reprenant le célèbre cri d’Émile Zola dans l’Aurore relançant l’affaire Dreyfus, ce délégué de Strasbourg a manifesté ce mardi 28 novembre sa révolte de professionnel de santé.
Sans doute est-ce là un résumé éloquent de la très profonde indignation exprimée par les 48 orateurs, témoignant à la tribune au nom des 340 délégués FO venus de 60 départements, devant la grande salle de la confédération pleine à craquer.
Au nom des délégués de Loire-Atlantique, Yann Le Fol a témoigné de la situation et des initiatives prises dans le département, appelant de ses vœux une mobilisation pour faire aboutir les revendications.
Loin d’une simple réunion « technique », cette conférence, où l’émotion et la colère étaient palpables, a constitué un réquisitoire incontestable et sans appel contre les conséquences dramatiques des politiques d’austérité, à l’encontre des personnels et des résidents des EHPAD.
Les délégués ont ainsi témoigné, sans fard, de ce qu’ils vivent et de leur immense frustration (extraits).
Des conditions de travail insupportables.
« Le début des toilettes des résidents dès 4 h du matin par l’équipe de nuit » - « Une douche par mois » - « On lave avec des taies d’oreillers » - « Certains résidents ne sont pas sortis depuis des années »
« Le caractère absurde du minutage des tâches » - « En formation on nous explique qu’il faut 45 mn pour une toilette ce qui nous confronte avec notre réalité de n’avoir que quelques minutes » - « A quatre pour assurer le repas de quinze personnes en 45 mn » - « On demande à des personnes âgées d’aller à notre rythme, alors que c’est le contraire qu’on devrait faire»
- « On nous demande de prendre (en qualité d’infirmière) la responsabilité de ne pas lever un résident … on refuse »
- « Par manque de personnel pour assurer la sécurité on ferme les chambres en laissant les personnes seules et angoissés. »
« Le découragement de grands professionnels confrontés à des injonctions contradictoires qui finissent leur carrière « cassés » - « Le mal-être des directeurs qui se battent sans moyens » etc. (…)
L’engouement des « fonds de pensions » - Une réforme tarifaire avant tout dirigée contre les EHPAD publics.Catherine de l’UD 49, aide-soignante dans le privé, souligne, parmi d’autres délégués, cet engouement du privé pour la « silver-economy » ou « l’or gris », notamment de la part des fonds d’investissement - certains renfloués en 2008 sur fonds publics par les États – Les EHPAD du groupe ORPEA par exemple, réalisent, révèle-elle, un bénéfice de 110 € par jour et par résident !
Pourtant, le gouvernement prétend n’avoir aucun pouvoir de contrôle sur ces entreprises qui perçoivent pourtant les forfaits soins et les forfaits dépendance …. C’est sur les coûts de personnels que ce secteur réalise ses profits.
Pendant ce temps, témoignent plusieurs orateurs, « la réforme tarifaire fait souffrir surtout le public. Dans les petits EHPAD c’est 35 000 € en moins, dans les plus gros jusqu’à 300 000 € … On a déjà réduit sur tout, restent de nouvelles compressions d’effectifs ! »
Agir aussi auprès des familles de résidents.Didier Hotte, relayant plusieurs délégués (« que les familles fassent des courriers au gouvernement et témoignent »), affirme le soutien et l’appui qu’apportera l’UCR aux initiatives et appels à mobilisation qui seront décidés par la Fédération FO des services publics et de santé.
Tout le monde est concerné dit-il, il y a urgence à expliquer et mobiliser : une action en direction des familles est aussi nécessaire.(…)
Philippe Pihet, en tant que responsable confédéral du secteur des retraites, est intervenu pour rappeler la pression mise par les pouvoirs publics sur le secteur, les inquiétudes sur les projets du gouvernement, et a assuré la Fédération de son soutien total aux actions qui seront engagées.
L’heure à la mobilisationLa conférence s’est conclue par une « Alerte sur la situation des EHPAD », adoptée à l’unanimité, appelant à l’organisation avec les autres organisations syndicales d’une mobilisation et grève de tous les EHPAD et maisons de retraite fin janvier début février pour notamment :
- L’application de la mesure prévue par le Plan solidarité grand âge : « un agent par résident » ;
- L’arrêt des baisses de dotation soins et dépendances induites par la convergence tarifaire, se traduisant par des milliers de suppression de postes ;
- L’attribution immédiate des moyens reconnus comme nécessaires aux besoins ;
- Le retrait des deux décrets du 21/12/16, portant réforme tarifaire introduite par la loi dite d’adaptation de la société au vieillissement du 28/12/15.
Gérard Le Mauff, Membre du Bureau national de l’UCR FO