Rien ne va plus à la Sécu. La valeur du point de salaire n’a pas été revalorisée depuis mai 2010 et l’employeur veut imposer la mobilité forcée aux agents. Réorganisations et restructurations se succèdent, les suppressions d’emplois sont légion, expliquant en grande partie la dégradation concomitante des conditions de travail du personnel et du service rendu aux assurés sociaux, ainsi que les retards qui s’accumulent dans le traitement des dossiers.
À l’appel de leurs organisations syndicales FO, CGT, CFDT, CFTC et CGC, les employés et cadres de la Sécurité sociale se sont fortement mobilisés le 7 février, exprimant leur ras-le-bol par la grève et des manifestations. En province, des rassemblements se sont tenus devant les préfectures et des délégations syndicales ont été reçues par les représentants de l’État. À Paris, 1.500 à 2.000 salariés ont défilé jusqu’au ministère de la Santé. Les représentants syndicaux nationaux, qui y ont été reçus, sont sortis de leur rendez-vous avec une information claire: le ministère refusera d’agréer tout protocole salarial qui comportera une augmentation de la valeur du point. «Le blocage ne vient pas de l’employeur, le COMEX-UCANSS, mais du ministère, qui fait état de “contraintes”», commentait Michel Rochette, Secrétaire général de la section des Organismes sociaux FO, à la veille d’une réunion paritaire sur les salaires dont l’issue s’annonçait, avant même sa tenue, plus que certaine pour les 170.000 employés et cadres de la Sécurité sociale: pas d’augmentation des salaires. Les organisations syndicales devaient se réunir dans la foulée pour décider des suites à donner à leur mouvement.
PRÈS DE 2 000 POINTS D’ACCUEIL FERMÉS EN CINQ ANS
Mais les salaires ne sont pas la seule préoccupation des personnels.
Entre 2005 et 2011, 1.949 accueils ont été fermés dans les caisses primaires d’assurance-maladie, les services médicaux, les CAF et les caisses de retraite. Quatre-vingt-douze organismes de Sécu ont disparu à la suite des fusions et 12.457 postes ont été supprimés, soit 7% des effectifs. Le recours aux heures supplémentaires et à l’embauche de salariés sous contrat précaire s’est fortement développé.
Autre point de friction, l’employeur veut inscrire dans la convention collective nationale la mobilité forcée, c’est-à-dire la possibilité d’imposer aux agents un changement de poste ou de lieu de travail. «L’employeur veut-il s’inspirer de l’accord interprofessionnel compétitivité-emploi, concocté par le MEDEF?», s’interroge Michel Rochette. «Tout comme notre confédération FO a dit non aux attaques contre le Code du travail, nous refusons les attaques contre la convention collective nationale qui encadre les droits des salariés de la Sécu.»
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Article paru dans FO Hebdo n°3062