1500 manifestants ont bravé le froid et battu le pavé pour défendre l'emploi, sur le bassin nazairien, dans le secteur naval.
Prise de parole de Nathalie DURAND-PRINBORGNE, Secrétaire section FO
Salariée au Chantier, je prends la parole au nom de l’Union Locale des syndicats FORCE OUVRIERE de Saint-Nazaire et région et de la section syndicale FO du Chantier Naval STX France.
Tout d’abord, je tiens à vous remercier, vous tous venant du secteur privé mais aussi du secteur public, de votre présence au côté des camarades de SMCO, SMCN et de Baudet qui sont, aujourd’hui, dans la tourmente de la liquidation judiciaire, du redressement judiciaire et des licenciements.
Camarades,
L’Union Locale FORCE OUVRIERE de Saint-Nazaire constate les ravages des politiques d’austérité
menées au nom de la « réduction des déficits et de la dette », impulsées et mises en œuvre par l‘Union Européenne, la Banque Centrale Européenne et le FMI, par tous les gouvernements européens et le patronat.
Leur objectif commun : c’est « l’abaissement du coût du travail ».
En France, les projets de fiscalisation de notre Sécurité Sociale au travers de la « TVA sociale » voulue par le gouvernement, (dont FO revendique clairement l’abandon) ou encore l’augmentation de la CSG proposée par d’autres, s’inscrivent dans ces politiques.
Le recours, par le patronat - en particulier la Direction de STX France - à la sous-traitance en provenance de pays à bas coûts salariaux s’inscrit lui aussi dans cette logique destructrice pour les travailleurs, leurs rémunérations et leurs conditions de travail.
Les patrons y ont recours tout simplement parce que ces entreprises sous-traitantes étrangères :
ne payent pas les cotisations sociales patronales de toute notre protection sociale (Sécurité
Sociale, Assurance chômage, Retraites, Formation professionnelle continue, etc …), n’appliquent pas nos conventions collectives, les salaires conventionnels et tous les droits qui y sont inscrits,ou encore, ne payent pas pour les œuvres sociales d’un Comité d’Entreprise notamment.
Souvent, elles ne respectent même pas les durées légales du travail et les majorations pour heures supplémentaires.
Ce sont sur ces éléments que le dumping social est organisé !
Camarades,
Lorsque nous analysons les chiffres de la sous-traitance donnés par la Direction du chantier naval STX France, nous constatons que près de 30% des salariés de la sous-traitance viennent de pays à bas coûts salariaux !
Oui camarades, vous avez bien entendu, près de 1 sur 3 !
Les conséquences sont désastreuses pour les salariés de la sous-traitance locale. Après bien d’autres, aujourd’hui, 3 entreprises sous-traitantes historiques de la Navale sont dans la tourmente :
- SMCO : mise en liquidation judiciaire, 82 salariés sont licenciés,
- SMCN : 9 licenciements déjà effectués, 42 salariés sont menacés,
- BAUDET : mise en redressement judiciaire également, 92 salariés sont menacés de licenciements.
A ces licenciements, il faut aussi ajouter les salariés intérimaires qui se trouvent eux aussi jetés au chômage.
La disparition de ces trois entreprises sous-traitantes et des emplois provoqueraient des pertes de compétences qui risqueraient de déstabiliser le Chantier Naval !
De même, c’est toute l’économie locale qui serait encore une fois mise à mal.
Camarades,
Cela suffit ! C’est insupportable ! C’est inacceptable !
Ce sont pour toutes ces raisons que, face à ces licenciements en cours ou en préparation à l’encontre de plus de 200 travailleurs d’entreprises locales, sous-traitantes du chantier naval, l’Union Locale FO a proposé que l’unité d’action se réalise autour de deux revendications claires et précises : Pas un seul licenciement ! Suspension immédiate des tous les plans sociaux !
Camarades,
FORCE OUVRIERE se félicite de cet appel commun des Unions Locales sur ces deux revendications, avec appel à la mobilisation interprofessionnelle par la grève et la manifestation en direction de la Sous-préfecture.
L’Union Locale FO ira défendre ces deux revendications tout à l’heure auprès du sous-préfet, représentant local de l’Etat.
FORCE OUVRIERE s’appuiera également sur votre mobilisation pour affirmer auprès du sous-préfet que nous rejetons fermement cette sous-traitance à bas coûts et le dumping social qu’il engendre au Chantier Naval et que nous refusons qu’elle s’étende dans les autres secteurs d’activité du privé ou public.
FORCE OUVRIERE revendiquera également auprès du sous-préfet :
Plutôt que d’accorder de nouvelles exonérations de cotisations sociales patronales, que
l’Etat impose aux entreprises sous-traitantes étrangères de payer les cotisations sociales
pour toute notre protection sociale,
Que l’Etat et le ministère du travail imposent à ces entreprises de respecter non seulement le Code du Travail, le salaire minimum mais aussi tous nos droits inscrits dans les conventions collectives,
Que l’Etat et son ministère du travail mènent une enquête sérieuse sur les durées du travail réellement pratiquées par les salariés de cette sous-traitance à bas coûts et imposent à ces entreprises le respect des durées légales et conventionnelles du travail.
Camarades,
Il n’y a pas de fatalité !
Le sous-préfet, représentant local de l’Etat et du gouvernement, a le pouvoir et le devoir : d’empêcher que plus de 200 travailleurs soient jetés au chômage, de suspendre tous les plans sociaux.
Camarades, c’est maintenant, tout de suite, que nous devons aller chercher la satisfaction de nos revendications !
De la même manière, FORCE OUVRIERE rappellera au sous-préfet sa revendication de nationalisation du chantier naval de Saint-Nazaire qui est le seul moyen sérieux :
- Pour garantir la stabilité, la pérennité du chantier naval et de tous les emplois qu’il génère,
- Pour imposer une véritable politique industrielle et les commandes nécessaires,
- Pour donner du travail à tout le réseau de sous-traitants locaux,
Merci pour votre attention.
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